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samedi 31 mars 2012

Panne de télé

Un nuage magnétique vient de s'arrêter sur la ville. Plus de télé, c'est la panique, la catastrophe, on avait pensé à tout, au terrorisme, aux inondations, au feu, au tremblement de terre. Pas à ça. Vous vous rendez compte mon pauvre monsieur que font les politiques ? À quoi ils servent ? Même pas capable de prévoir. Comment allons-nous faire ? Pas de grande messe du 20 heures. Ils nous disent ce qu'il faut penser au moins. « Ne mangez pas ça, achetez cette lessive, habillez vous comme ça, ne pensez plus on s'en charge ». C'est inadmissible, qu’allons-nous faire ce soir, nous allons nous retrouver face à face sans cet écran qui faisait la conversation à notre place. Plus besoin de communiquer on le faisait pour nous. Où sont les horreurs que l'on nous servait, les guerres, les pandémies, les famines tout ce qui nous réconfortait, nous permettait de penser que nous n'avions pas à nous plaindre. On ne va pas se replier sur soi, regarder notre vie. Notre petite vie métro boulot dodo comme disait je ne sais plus qui. C'est la grande panique chez les gouvernants, il faut réparer au plus vite c'est la catastrophe, faut trouver une solution temporaire, sinon c'est le soulèvement général on ne contrôle plus rien. Comment nous n'avons pas pensé à ce problème?
Les gens sont dans la rue, à leur balcon. Au début, interloqués puis petit à petit ils communiquent avec les voisins ils parlent. Bien sûr c'est la télévision qui prend la plus grande part des discussions, mais au fil du temps on Entend des paroles différentes. Des attentions vers son interlocuteur, des questions qui entraînent des réponses qu'elles même entraînent d'autres questions. Des conversations en fait. Et puis il fait encore jour dehors, les terrasses de café se remplissent les squares reprennent leur fonction, rassembler les gens. Tout le monde veille, a du mal à rentrer chez soi, ils vivent quelque chose de pas commun et ils le savent, alors ils font durer malgré la nuit qui tombe. La télé au lieu de nous évader comme elle veut nous le faire croire, nous emprisonne dans ses barreaux d'antenne. Elle nous fait découvrir des régions inexplorées mais nous empêche de voir notre voisin. Bizarre comme nous pouvons personnaliser des choses, la télévision, la banque. Quand nous en parlons, nous disons Elle fait ceci Elle nous empêche de faire cela, en fait c'est là que ça devient dangereux, car à force de les personnaliser, on les rend impersonnelles. Nous oublions souvent que derrière ces institutions des hommes sont présents et ceux-ci deviennent irresponsables (dans le sens de pas responsable) du fait qu'ils travaillent pour ces institutions. Ces gens derrière ces institutions ont le pouvoir. Ils sont persuadés qu'ils mènent le monde, il y a un peu de vrai. La télévision est comme toute évolution, dangereuse, si on ne sait pas la maîtriser. Elle aplanit, arase les cerveaux allant au plus simple, cherchant la loi du nombre plutôt que la loi du meilleur Elle racole, attire, emprisonne la pensée. Son but c'est vendre. Créer de l’émotion. Dangereux l’émotion collective, le terrorisme de la pensée rôde.
La panne n'a duré qu'un soir.

Le lendemain tout est rentré dans l'ordre, l'ordre des choses. La télé s'est servie de cette panne comme info afin de la reprendre à son compte. Ce soir le contrôle total sera repris. Bonsoir Madame, Bonsoir Monsieur ne vous inquiétez pas on contrôle tout. La grand-messe peut commencer.

Big Brother vous regarde et veille à ce que vous soyez bien.